À PROPOS

Chercheur d'images...

Je suis chasseur d'expériences, releveur de défis, guetteur d'aléas, révélateur d'imprévus. L'idée de donner à voir des éléments que nos yeux ne peuvent distinguer m'enthousiasme.

La nuit, les conditions de faible luminosité représentent un défi technique que j'ai plaisir à relever. Ce qui me mobilise, c'est le champ ouvert à toutes sortes d'expérimentations, c'est l'effet de surprise qui embrase, l'inattendu qui grise, c'est le bleu fantastique produit par le plancton bioluminescent. Ce qui me galvanise, c'est le partage.

Mon objectif est partage...

J'ai besoin d'expliquer, d'échanger, de sensibiliser, vous faire découvrir, vous faire apprécier. Ma recherche photographique est une opération à cœur ouvert.

À quoi bon photographier sans montrer ni décrire, communiquer, faire savoir ? À quoi bon se lancer dans une nouvelle recherche sans vous en parler, sans vous expliquer ma motivation ou susciter votre intérêt, sans générer l'émotion ou déclencher l'envie ? Et comment résister à celle de vous faire visiter les plus beaux sites de ma région ?

Je suis tombé dedans...

Morbihan magique, littoral modèle, terre d'élection, breton d'adoption. La potion de ma passion est la composition de deux éléments : Le ciel nocturne et l'Océan.

J'étais loin d'être petit quand j'ai rejoint le Morbihan. Né en 1979, en région parisienne, je vis et travaille à Auray depuis 2014. Je suis tombé amoureux de ma région. La photographie de paysages est alors devenue mon principal sujet et le littoral, en perpétuelle évolution, le terrain idéal pour poursuivre ma recherche plastique sur l'idée de la condensation du temps.

Le temps condensé...

J'envisage chaque photo comme un court-métrage au long cours. Lisser le mouvement, animer l'inertie, révéler une autre réalité, à contrejour, contrecourant.

Hormis la patience et la persévérance qu'elle requiert, la faible luminosité oblige à choisir des temps de pose longs (de quelques dizaines de secondes à parfois plus d'une heure). Les clichés ainsi obtenus ne sont pas de simples instantanés mais le croisement des phénomènes naturels (météo, marées) avec des paysages en mouvement (mer, nuages). Mais avant cela...

Prétexte aussi...

Mes compositions de nuit s'écrivent loin de l'animation du jour. Le calme et la solitude me ressourcent, me donnent l'impression de pouvoir ralentir le temps.

De 1999 à 2014, j'ai pratiqué la photographie à Paris et exploré différents domaines : le portrait, la photo de rue, de spectacles, d'architecture. Depuis, je savoure le littoral et la nuit, l'éloignement du bouillonnement, le plaisir de l'attente qui permet de contempler la beauté des sites et leurs offrandes. J'y puise mon équilibre et la force que mes sorties exigent aussi.

Ce n'est pas juste une mise au point...

Il y a le ciel et la mer, les éléments, le froid, l'humidité, le poids de l'équipement. Et il y a l'erreur humaine qui conserve l'humilité, oblige parfois à devoir tout recommencer.

Il n'y a rien d'insurmontable mais tout est plus complexe : faire un cadrage correct, une mise au point, trouver le bon rapport ISO / ouverture / temps de pose, stabiliser le trépied, le protéger du vent... Et puis soudain réaliser, au bout d'une heure ou plus, qu'on s'est trompé et devoir renoncer car les conditions ont changé : niveau de la mer, position de la Lune, etc.

De la Terre à la Lune en passant par la mer...

Observateur du scintillement de l'astre sur l'eau, explorateur de noir et blanc en mouvement. Je suis en quête de cette beauté interminable, de cette beauté singulière et pure.

Le désir d'en faire un thème photographique est tout récent. La nuit, la Lune devient pinceau et la mer se change en un tableau d'un noir profond sans cesse en action. Immortaliser tout à la fois l'artiste, la toile, le dessin alors que le temps passe et que la lumière évolue à des vitesses de compétition en plein grand prix de poésie dont l'erreur fait constamment partie.

L'écl'erreur...

Apprendre sans cesse, trouver des solutions et s'y reprendre sans compter. Dans mon objectif, qui est toujours à atteindre, la difficulté est un amplificateur de plaisir.

La plupart de mes photographies nécessitent repérages et analyses des conditions optimales (hauteur et état de la mer, variations météo, phase et position de la Lune) pour mettre en valeur les lieux choisis. Il n'est pas rare qu'elles aient nécessité plusieurs essais avant d'atteindre un résultat proche de l'image espérée. Il faut savoir rester modeste.

Rester modeste...

Ne surtout pas perdre de vue que ce qui m'entoure est plus fort : je n'en suis que l'invité. Lorsque j'embarque dans la nuit, je suis simple passager, je ne fais qu'emprunter.

Les difficultés auxquelles je suis confronté sont souvent d'ordre météorologique ou d'accès au point de vue qui m'intéresse. Je me souviens d'une photo de la Pointe du Raz, réalisée lors d'une nuit d'hiver humide et fraîche, pour laquelle il m'a fallu prendre le risque de descendre une falaise abrupte chargé de mes 30 kilos de matériel. Vers l'abouti, rien n'est jamais acquis.

Se remettre en question...

Les années passant, l'expérience aidant, la tentation est forte de s'ancrer dans la maîtrise. S'il m'arrivait un jour de me décerner le talent du temps long, là serait justement mon talon.

Je n'ai pas la faiblesse de croire que de la passion naît l'excellence mais plus simplement celle de penser que les conditions qu'elle exige ne sont jamais totalement contrôlées ; c'est tout le charme de l'exercice. Ma recette mêle quatre ingrédients : se remettre en question, chercher à comprendre, sortir des sentiers battus, laisser sa part au mystère. De cet art naît la magie.

Potion magique...

Mes choix photographiques produisent un nectar qui laisse la part belle au hasard. Cette potion a entre autres pouvoirs magiques ceux de lisser les à-pics, d'animer les rochers.

Je m'imagine dompteur de l'instant, aidé en cela par un équipement imposant et me laisse finalement emporter par des forces heureusement invincibles. La lumière, le magnétisme et le temps déposent par petites touches devant mes rideaux grands ouverts leurs courbes poétiques éphémères. La pose longue de nuit est une technique qui s'offre à l'inconnu.

Plasticien du temps...

Je rêve d'accomplir une prouesse utopique : matérialiser l'immatériel à des fins esthétiques. J'apprécie l'idée paradoxale et illusoire de se dépasser pour mieux ralentir, pour figer la vitesse et plastifier le mouvement, s'approprier l'invisible, se faire couler un bain de Lune, étirer les clins d’œil d'un phare du large, s'emparer des étoiles pour rayer le ciel, changer en miroir la pluie et le brouillard, laisser infuser la lumière dans l'Océan, écrire une ligne à partir du point, ouvrir un triptyque de galets érotiques, établir des probabilités sur le comportements des vagues et sur leur course qui ne finit jamais.

Un grand merci à Jean-François AUROUX pour son aide précieuse à la rédaction.     https://www.latelierdestournures.fr/